Quel est le niveau de fuites acceptable sur un réseau d’eau potable ?

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En France, 1/4 de l’eau potable circulant le long des 856 000 kilomètres de réseaux de distribution se perd dans les fuites¹. L’objectif pour un réseau bien entretenu : atteindre un taux de fuite de 15%, soit un gisement potentiel de millions de mètres cubes par an.

La récente infographie publiée par FluksAqua illustre les niveaux de fuite dans les réseaux, département par département.  Olivier Le Marois, président de la start-up, en tire les principaux enseignements.

« Perdre de l’eau potable sur le réseau a d’abord un coût financier, celui de la production et du traitement de l’eau potable perdue – essentiellement de l’énergie, des réactifs et des taxes. Ce coût financier peut-être majoré par une pénalité si le niveau de pertes dépasse un seuil réglementaire: c’est le cas en France avec les critères dit Grenelle II.

Dans ce dernier cas, la loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement (Grenelle II) prévoit dans son article 161 que « Lorsque le taux de perte en eau du réseau s’avère supérieur à un taux fixé par décret selon les caractéristiques du service et de la ressource, les services publics de distribution d’eau établissent, avant la fin du second exercice suivant l’exercice pour lequel le dépassement a été constaté, un plan d’actions comprenant, s’il y a  lieu, un projet de programme pluriannuel de travaux d’amélioration du réseau ».

 

 

A partir des données de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) montre ainsi les enjeux du Grenelle II de l’environnement, département par département. On y découvre les disparités en terme d’efficacité des réseaux sur le territoire : alors que les départements les plus performants, comme Le Morbihan, Paris ou les Pyrénées Atlantiques, vont bien au delà des critères du Grenelle II, la Meuse, les Alpes Haute Provence et la Haute Corse dépassent quant à eux les 10% de pertes.

La stricte application de Grenelle II, sur la base des données transmises à l’Onema, permettrait ainsi d’économiser de l’ordre de 30 millions de m3. L’enjeu financier est donc modeste à l’échelle du pays – quelques millions d’euros d’économies ou de pénalités évitées chaque année à l’échelle de la France.

La vraie question pour les collectivités est celle-ci: doivent-elles pour autant limiter leur ambition au simple respect des seuils “Grenelle 2”?

L’infographie ci-dessus quantifie ce qu’être ambitieux voudrait dire. Ça n’est pas viser le “zéro perte” mais simplement se hisser au niveau des meilleurs de sa catégorie. Par catégorie, on entend dans l’infographie ci-dessus, pour une collectivité donnée, les 100 collectivités ayant l’indice linéaire de consommation le plus proche. Ensuite, pour la catégorie de la collectivité, on calcule le niveau maximum d’indice linéaire de perte qu’il faudrait avoir pour figurer parmi les 5 meilleurs de la catégorie. Cette méthodologie permet d’assigner à chaque service des objectifs réalistes tenant compte d’une part de ses caractéristiques (urbain, semi-urbain, rural) d’autre part de la faisabilité (d’autres collectivités comparables ont performance).

Les résultats montrent un potentiel de gain substantiel : environ 360 millions de m3 par an, sur la base des services ayant transmis leurs données à l’Onema. Cela représenterait des dizaines de millions d’euros d’économie par an.

Atteindre de tels niveaux d’économie implique-t-il un programme d’investissement lourd, du type de ceux préconisés en application de la loi de 2010, problématique en ces temps de disette budgétaire? Pas nécessairement.

En effet, la réduction des pertes en eau, plus qu’un problème d’investissement, peut-être vu d’abord et avant tout comme un problème de gestion opérationnelle, au quotidien, du réseau:

  • Quel délai faut-il pour détecter une fuite ? Entre un délai de quelques heures et un délai d’un mois, c’est des milliers de m3 perdus faute de réactivité. Raccourcir ce délai passe par la mise en place de compteurs télé-gérés, soit des investissements légers.
  • Une fois l’existence d’une fuite suspectée, comment la localise-t-on ? C’est là encore une question de savoir-faire pratique comme le montrent de nombreux exemples sur le forum d’entraide FluksAqua. In fine, le rendement peut être vu comme un indicateur de performance dans la gestion d’un réseau. Se situer dans les meilleurs de sa catégorie – et s’y maintenir – est signe d’une gestion rigoureuse du réseau, dont les effets bénéfiques vont bien au-delà de la simple réduction des pertes en eau ».

 

¹ Source : site du ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie